Les grands enjeux des schémas de cohérence territoriale ligériens
Les schémas de cohérence territoriale (SCOT) déterminent, à l’échelle de groupements de communes, un projet de territoire visant à mettre en cohérence l’ensemble des politiques en matière d’habitat, de mobilité, d’aménagement commercial ou encore d’environnement. Rencontre avec Jean-Pierre Berger président du SCOT Sud-Loire, et Hervé Daval, président du SCOT Roannais.
Préparer aujourd’hui un territoire aux évolutions de demain : tel est l’objectif des schémas de cohérence territoriale (SCOT.) Ces projets stratégiques établis sur une dizaine d’années ont été créés en 2000 par la loi Solidarité et renouvellement urbain. Les SCOT sont des documents d’urbanisme français dont le régime est fixé par le Code de l’urbanisme. Ils sont destinés à accompagner le développement durable d’un territoire grâce à une coopération renforcée des collectivités locales qui sont à l’origine de son élaboration. Le département de la Loire est régi par deux SCOT. L’un concerne le territoire Sud-Loire et l’autre le territoire roannais. Le premier regroupe 110 communes, soit environ 500 000 habitants, et est composé de quatre établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) : Saint-Étienne Métropole, Loire Forez Agglomération, Forez-Est et le Pilat Rhodanien. Depuis mi-septembre, succédant à Gaël Perdriau, Jean-Pierre Berger préside le SCOT Sud-Loire dont il rappelle les orientations majeures : « nous nous appuyons sur les plans locaux d’urbanisme et intercommunaux (PLU et PLUI), et sur tous les règlements d’urbanisme, pour faire des projections. Les prévisions démographiques relatives à notre territoire sont essentielles pour mettre en œuvre des projets adaptés concernant l’habitat, le logement, l’emploi, économie, la consommation d’espace lié au foncier et à l’urbanisme, la mobilité, les infrastructures ou encore l’énergie tout en préservant l’environnement. »
Également président de l’Epures, agence d’urbanisme de la région stéphanoise, Jean-Pierre Berger annonce, qu’en matière de démographie, les données actuelles sont assez positives et prévoient une augmentation d’environ 30 000 habitants sur le territoire Sud-Loire entre 2020 et 2030. « L’attractivité résidentielle s’accélère, mais il faut qu’elle soit absolument maîtrisée de façon à ce que l’on n’assiste pas, comme dans les dernières années, à une désertification des centres-villes, au bénéfice d’une périphérie qui est très inflationniste en matière de consommation d’espace. Il faut poursuivre la revitalisation des centres-bourgs en termes de commerces, d’équipements, de services, etc., et limiter les consommations d’espace dans le domaine de l’urbanisme. La concertation est la clé avec les quatre EPCI. » Selon lui, l’objectif de tous les SCOT est identique : arriver à avoir une cohérence globale sur tous ces paramètres.
Harmoniser un territoire tout en conservant l’identité des communes
Hervé Daval, président du SCOT Roannais, partage la même opinion : « il est indispensable qu’il y ait une cohérence et des échanges fructueux au niveau des territoires, car aujourd’hui, au niveau économique, financier ou administratif, les communes ne peuvent pas s’en sortir seules. L’objectif est d’atteindre une cohérence, et non pas une uniformisation, au niveau d’un territoire. Mais, il faut conserver l’identité de chaque commune. » Les enjeux des SCOT semblent identiques sur tous les territoires, malgré leur diversité. Et la coopération s’impose comme une nécessité. « La difficulté au niveau d’un schéma de cohérence territoriale est d’arriver à trouver un équilibre entre la cohérence globale et le respect des diversités de chaque territoire. Il faut donc multiplier les échanges avec les élus locaux et viser à assurer la préservation du capital environnemental propre à chaque territoire en conservant leur attractivité et leur spécificité tout en les développant. Cela demande beaucoup de pédagogie », précise Hervé Daval qui rappelle que le territoire du SCOT Roannais, qui comprend 51 communes, est précurseur en matière de développement durable. Il a d’ailleurs été labélisé Territoire à énergie positive (Tepos) et les projets à venir, ou en cours, contribuant à la transition énergétique de ce territoire sont encore nombreux : création de sites éoliens, d’un méthaniseur, d’un champ de panneaux photovoltaïques situé au bord de Loire qui sera opérationnel en 2021, préservation et développement de zones forestières, etc. « Au niveau économique, l’objectif est d’arriver à trouver un équilibre entre la ville centre, Roanne, qui doit rester attractive, car elle a perdu de la population ces dernières années, et les petites communes en revitalisant les centres-bourgs », conclut le président du SCOT Roannais, également maire de Saint-Vincent-de-Boisset. Suite à l’habilitation législative introduite par la loi Elan, au 1er avril 2021, un nouveau SCOT entrera en vigueur afin d’être modernisé.
Céline Mazet