L’emploi ou le cadre de vie : quand les communes doivent choisir
« Not in my back yard », autrement dit : « Pas dans mon arrière-cour ». Ce phénomène baptisé NIMBY tend à se répandre depuis plusieurs années. Entre intérêt général et intérêts particuliers.
Il mobilise des militants contre un projet d’aménagement dont ils estiment qu’il nuira à leur cadre de vie. Il peut s’agir de routes, de voies de chemins de fer ou d’installation ou d’extension d’entreprises. Si les motivations écologiques sont souvent mises en avant par les opposants, les élus ou les représentants de l’Etat peuvent pour leur part soutenir les projets incriminés en affirmant qu’ils défendent l’intérêt général. Tandis que les adversaires défendent leurs intérêts particuliers. Des notions sujettes à débat comme dans le cas du projet de Center Parcs de Roybon en Isère. Des militants écologistes se sont installés sur cette « zone à défendre », selon leur vocable, et ont engagé une bataille juridique devant le tribunal administratif de Grenoble qui leur a été favorable. Le monde économique et les élus mettent eux en avant les 500 emplois que représenteraient le chantier, puis le parc une fois mis en service.
Dans la Loire le projet d’extension du géant chimiste SNF à Andrézieux-Bouthéon n’a pas suscité des occupations, mais une pétition d’une association de riverains de La Fouillouse, soutenue par la Frapna. Elles voulaient manifester leur inquiétude face à la volonté de doubler la production de ce site classé Seveso, le seul du département. Peine perdue, le conseil de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) a rendu en février 2015 un avis favorable, suivi par la préfecture qui a donné son autorisation à cette extension.
Quel avenir pour la carrière ?
A Saint-Julien-Molin-Molette les habitants s’élèvent contre la volonté de la société Delmonico-Dorel de prolonger la durée d’exploitation de la carrière de granulats implantée sur la commune et d’étendre son exploitation. Le tonnage visée par l’entreprise serait de 500 000 tonnes par an, contre 150 000 actuellement. Le collectif qui s’est créé dénonce les nuisances : de la poussière, des déflagrations des tirs de mine et de « la circulation de centaines de camions chaque jour, sur un réseau routier local évidemment inadapté ». Le maire Jean-Louis Bariot ne se montre guère disert : « nous n’avons reçu qu’un courrier de l’entreprise en septembre 2014, il y a donc un an. Et depuis rien. Tant que nous n’avons pas de dossier, nous ne pouvons pas nous prononcer. » La Commission de suivi de site de la carrière qui doit être convoquée chaque année par la préfecture de la Loire ne s’est pas encore réuni en 2015.
Quant aux emplois que pourraient représenter l’extension du site, le maire se montre là encore peu convaincus : « plus de la moitié des actifs viennent de l’extérieur de la commune et autant va travailler au-delà. Vous savez le nombre d’emplois peut effectivement être une donnée importante, surtout en cette période, mais cela n’a pas empêché la fermeture de l’usine d’amiante d’Andancette. » L’unité de production Evritube Pont-à-Mousson distante de 25 km du Pilat avait été fermée en 1996 suite à la réglementation sur l’amiante. 77 personnes y travaillaient alors.
Mathieu Ozanam