Novices en politique
« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », écrivait Arthur Rimbaud. Oui mais à partir de 18 ans, la loi autorise les jeunes citoyens à se présenter à une élection.
C’est ce qu’ont fait Quentin Pâquet (23 ans), Romain Chatain (22 ans) et Martin Prat (21 ans), trois jeunes de la commune de Bard, limitrophe de Montbrison. Au départ leur intention est d’être élus dans l’opposition pour faire entendre leurs voix. Mais voilà, le maire sortant décide de ne pas se représenter et aucun autre candidat ne se manifeste.
« La charge est très lourde avec la gestion du quotidien »
Les trois amis sont « pris au piège », mais tiennent à « prendre (nos) responsabilités » en allant jusqu’au bout de leur démarche. Sur les 326 électeurs du 1er tour, 245 voix sont exprimées. Autant de voix pour Quentin Pâquet, Romain en obtient 241 et Martin Prat (239). Il va désormais devoir s’atteler à la tâche : voirie, réforme des rythmes scolaires, les dossiers ne manquent pas. « Je me rends compte que la charge est très lourde avec la gestion du quotidien, cela laisse peu de temps pour les gros dossiers, explique Quentin Pâquet. Heureusement « nous avions diversifié notre liste avec des gens de tout âge et compétents entre les deux tours. » La 1re adjointe est ainsi une ancienne experte-
comptable.
La jeunesse de certains de ses candidats n’a pas non plus inquiété le Front national. Mais leur inexpérience a été difficile à gérer. Au Coteau, c’est une jeune femme de 24 ans qui devait conduire la liste Rassemblement bleu Marine. À 3 semaines de l’élection elle a renoncé « pour raisons professionnelles et personnelles », indiquait Sophie Robert, la secrétaire départementale du FN Loire. À Saint-Chamond c’est Franck Descours qui, à 22 ans, a représenté le Front national aux municipales. « C’était plus dur que je ne l’avais imaginé, reconnaît avec franchise Franck Descours.
« C’était plus dur que je ne l’avais imaginé »
Il faut constituer une liste en réussissant à convaincre ses colistiers que c’est du sérieux. » Face à des adversaires aguerris, il faut aussi savoir gérer son stress et tenir un argumentaire. Il admet que « ce n’était peut-être pas la bonne campagne pour commencer », car la tête de liste doit tout gérer. Y compris quand les choses tournent mal. Poursuivis par des policiers l’ayant confondu avec des braqueurs en fuite alors qu’il était en train de coller des affiches de campagne le 11 mars, Franck Descours était convoqué le 7 mai au tribunal de Saint-Etienne pour « violences volontaires avec arme par destination » (la voiture dans laquelle il s’est enfui). Il a à son tour déposé plainte pour « faux en écritures publiques et violences volontaires en réunion ».
Mathieu Ozanam