Famer-Linamar : Histoire(s) de sauvetage
Certaines aventures industrielles prometteuses menées par des entreprises saines et en pleine croissance ont subi de plein fouet dans les années 2008-2010 les effets dévastateurs d’une crise économique aussi gigantesque qu’imprévue. Ainsi en a-t-il été de Famer Industrie. Sa croissance, la qualité de ses productions et de ses dirigeants et un marché porteur l’ont propulsée rapidement vers une réussite économique quasi inéluctable. Malheureusement, la « crise » est passée par là et il a fallu se résoudre à vendre. Ensuite…
Famer Industrie voit le jour en 1997 à Givors (Rhône), créée par deux industriels lyonnais, Ferdinand Termoz et André Peronnet qui ont repris la société Famer, filiale de la Snecma, fabricant français de moteurs d’avions. Quatre années plus tard, la société Rivoire Industrie de Saint-Étienne rejoint Famer Industrie et une plateforme logistique est mise en place aux États-Unis dans l’Illinois ou Famer réalise 70 % de son CA export. Le groupe ainsi constitué développe plusieurs activités dont la fourniture de pièces moteurs de grandes dimensions, de culasses et blocs moteurs pour l’automobile et de pièces tournantes pour l’aéronautique. Durant une dizaine d’années, le groupe ne cesse de croître et atteint un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros en 2008.
« Dès 2009, le chiffre d’affaires chute de 36 % »
Mais dès 2009 les difficultés surgissent. Le chiffre d’affaires chute de 36 % et les pertes s’élèvent à plus de 7 millions d’euros. Les dirigeants se séparent alors d’une filiale (Famer Paca à Cassis) qu’ils vendent à un industriel chinois. Ils parviennent même à stabiliser le CA en 2010, sans pourtant arrêter les pertes. Il faut alors se rendre à l’évidence et envisager de vendre . En 2011, le groupe canadien Linamar, spécialisé dans l’usinage de pièces pour différents secteurs, acquiert les 3 filiales restantes : Famer Industries à Saint-Romain en Giers (site sur lequel ont été rapatriées les installations de Givors), Famer Rivoire à Saint-Étienne et Famer Transmission à Montfaucon (Haute-Loire). Il rembourse les dettes du groupe et réembauche les 309 salariés et les 85 intérimaires alors employés par Famer.
Le regroupement de la dernière chance ?
Cependant le nouveau groupe ainsi créé, Linamar France, a du mal à retrouver le chemin de la croissance. Aussi envisage-t-il rapidement de regrouper ces deux unités ligériennes sur un même site. Au terme de longues négociations avec Saint-Étienne Métropole, Linamar peut, en mars dernier, annoncer la création d’une nouvelle implantation à Saint-Chamond sur le site de Novacieries. L’achat des terrains (40 000 m2) et la rénovation des bâtiments se feront avec l’aide de la Métropole et de l’État. Linamar espère ainsi faire des économies structurelles importantes qui devraient mener à un retour à l’équilibre financier à l’horizon 2016. Cette opération présente surtout le grand avantage de pérenniser les emplois actuels (232 sur les 2 sites concernés) en évitant les délocalisations.
Ainsi, grâce à l’implication des investisseurs, des collectivités locales et de l’État, une entreprise est parvenue bon an mal an à se maintenir à flot et, surtout à conserver ses salariés.
Reste à savoir si cela sera suffisant à court et moyen terme. Seul l’avenir le dira.
Philippe Goyon